jeudi 30 juillet 2009

Le liseur

Hier je suis allée voir The Reader, d'abord parce que j'ai lu le livre de Bernard Schlink qui à l'époque m'avait bouleversé et ensuite parce que je tiens Kate Winslet à l'œil ou plutôt au sourcil. Oui, parce qu'elle n'a visiblement pas compris qu'on ne peut pas se teindre les cheveux en blond tout en gardant des sourcils bruns, ce qui a tendance à m'énerver et m'empêche d'apprécier son jeu à sa juste valeur et de comprendre le pourquoi du comment de ses oscars. Alors Kate, si tu me lis...
Le film commence, je constate que Kate n'a pas réglé le problème sourcil, soupire, j'ai envie de prendre mes jambes à mon cou! Mais apparaît le jeune Michael, blondinet de quinze ans qui fait la rencontre d'Hanna, qui a le double de son âge et grâce à qui il va connaître ses premiers émois sexuels et sentimentaux. Cependant, Hanna cache un lourd secret, il l'apprendra quelques années plus tard lorsqu'il la retrouvera lors d'un procès nazie. Hanna est sur le banc des accusés avec cinq autres anciennes SS. Je ne peux pas en dire plus, mais Michael alors étudiant en droit découvre le passé d'Hanna et comprend enfin le secret de celle ci, secret qui, s'il était révélé pourrait la sauver mais que l'un comme l'autre choisissent de taire, par honte pour Hanna, par irrésolution pour Michael qui en agissant ainsi la punit personnellement pour ses crimes mais reste partagé entre l'amour et le dégoût qu'elle lui inspire. Peut-il lui pardonner? Comment ne pas s'en vouloir d'avoir aimé cette femme, coupable des pires crimes et qui le hante depuis des années? C'est une multitude de questions qui agitent Michael que nous suivons pendant plusieurs années de sa vie et qui nous font nous aussi trembler en nous mettant face à ce terrible cas de conscience.
Fidèle au livre bien qu'un peu plus mélo, on est forcément secoué par toutes ces horreurs mais aussi cet amour fulgurant et cet admiration que les personnages ont l'un pour l'autre tour à tour. On assiste à une véritable montée en puissance émotionnelle et on découvre avec effrois que les individus capables des pires crimes sont aussi des êtres humains que l'on peut aimer.
Bravo donc à Stephen Daldry (Billy Elliot et The Hours) qui réussi à éviter le mélo dégoulinant, même si on se serait bien passé du dernier quart d'heure du film un peu redondant. Bon point aussi pour les acteurs avec mention spéciale pour Ralph Fiennes qui me fait toujours beaucoup d'effet, bien plus que le juvénile (mais néanmoins prometeur) David Kross.

lundi 27 juillet 2009

Fais-moi mal Charlie, Charlie, Charlie

Michael Peterson, depuis qu'il est enfant n'a qu'une idée, devenir célèbre et le seul moyen qu'il a trouvé est de devenir Charlie Bronson, le détenu le plus violent d'Angleterre. Après de menus larcins il se fait incarcérer et se déchaîne littéralement sur ses gardiens. Le film est construit sur des flashbacks que nous raconte Bronson lui même, grimé, sur une scène et devant un public imaginaire.
Drôle d'oiseau ce Charlie Bronson, pas si méchant que ça, il a plutôt bon fond en fin de compte, on s'attache presque à lui face à tous ses malheurs et sa simplicité d'esprit qui nous font sourire.
Le spectateur le suit dans son processus d'auto destruction et de transformation qui le mènent à une bien triste gloire... ni l'amour ni l'art ne pourrons le sauver, happy end pour Bronson qui finit en cage comme une bête, mais une bête célèbre!
Assez dérangeant ce Bronson, sentiments contradictoires, on l'aime, il nous énerve, nous exaspère. Difficile de voir où tout ça mène et le pourquoi du comment. Que veux nous dire Nicolas Winding Refn, le réalisateur? Qu'a t-il voulu faire? Dans le fond c'est sans doute pour ça que ça marche, ça gratte et ça fait marcher les méninges. Du coup c'est plus qu'un film de baston, bien joué!

jeudi 23 juillet 2009

Tête à claques

Hubert Minel (Xavier Dolan), 17 ans, vit seul avec sa mère qui est restée bloquée vestimentairement (et psychologiquement) dans les années soixante dix. Il tente donc de cohabiter avec cette mère qui l'insupporte dans un décor kitschissime et étouffant. Incompréhension permanente entre le fils et sa mère qui s'aiment et se haïssent et passent leur temps à se chicaner pour un oui ou pour un non. Hubert trouve refuge chez son petit ami, Anthonin et chez sa prof de français elle aussi en quête de liberté.
Le film est une longue succession de querelles entre la mère et son fils avec des dialogues mordants et des noms d'oiseaux en québécois (génial). Finalement les deux se retrouvent dans le décor d'enfance d'Hubert, et c'est bien là le problème. Selon moi, Hubert est resté bloqué au stade enfant et n'a peut-être même pas dépassé celui du complexe œdipien. En fait, il aime trop sa mère, ce qui lui fait peur et inconsciemment il s'en veut de l'aimer à ce point et donc la rejette; voilà pour l'avis du Docteur C (ou alors j'ai rien compris au film). Pour preuve, la scène lors de laquelle Hubert, dans un décor de forêt automnale poursuit sa mère habillée en mariée. Sa mère le repousse; que lui veut-il? Lui faire du mal ou l'aimer? Cette scène est d'ailleurs plutôt jolie comme tout le reste du film avec des petits portraits à la Pierre et Gilles, une séance de dripping (Xavier Dolan va cependant devoir revoir sa définition du dripping) et de beaux passages en noir et blanc cadrés sur le visage d'Hubert, tête d'ange mais aussi tête à claques parce qu'il y a quand même un moment où, bien que sa mère soit plutôt chiante, on a envie de lui dire: "va ranger ta chambre" ou "mange ta soupe et tais-toi!" Non mais.

vendredi 17 juillet 2009

La concierge est dans la bibliothèque

Je sais que j'avais dit que j'allais voir Public Enemies la semaine dernière, mais figurez vous que j'ai été dissuadée par une file d'attente interminable puis on m'a détournée du droit chemin puis pas le temps et puis finalement le Hérisson.
Le hérisson c'est une concierge, Madame Michel, jouée par Josiane Balasko qui fait la rencontre dans l'immeuble cossu dans lequel elle travaille de Paloma, une petite fille surdouée et suicidaire et de Kakuro Ozu, un riche japonais qui vient d'emménager.
Plutôt fidèle au best-seller de Muriel Barbery, l'élégance du hérisson, le film est cependant beaucoup plus percutant. Dans le livre, Madame Michel passe son temps à haïr et médire sur les riches ce qui la rend parfois légèrement condescendante alors que la Madame Michel du film est elle beaucoup plus attachante sans doute parce que beaucoup moins agressive. La Paloma du livre est elle aussi agaçante à critiquer pour un oui ou pour un non toute personne ayant les moyens d'habiter le 7ème arrondissement (je précise que je suis dans un quartier de Paris beaucoup plus populaire, quoique bobo) bref, la Paloma du film ne donne pas autant dans la critique sociale mais s'interroge plus sur le sens de la vie ce qui aurait pu être intéressant si elle ne le faisait pas sur un air de Madame-je-sais-tout en employant un langage léché et digne d'un grand philosophe ce qui n'est pas crédible pour une petite petite fille de 12 ans même surdouée.
Si dans le film les personnages sont moins étriqués, les dialogues sont parfois cités mots pour mots ce qui est plaisant quand on a encore le livre en tête mais ajoute encore moins de naturel.
L'atmosphère du film est gris perle, couleur lin, on aime les chats, le raffinement du Japon, on boit du thé et on mange du chocolat noir pur cacao ce qui semble être l'archétype du bon goût; pourquoi pas, l'émotion passe tout de même et Josiane Balasko en concierge mal dans sa peau nous tire les larmes. D'ailleurs, conseil spécial pour vous lectrices, prévoyez de venir sans mascara ou du waterproof uniquement histoire de ne pas avoir l'air à la sortie de s'être fait tabassée pendant le film.

samedi 11 juillet 2009

Le misanthrope et la blonde

Autant vous prévenir tout de suite je ne suis pas une grande fan de Woody. Je vais voir ses films, je trouve ça sympa bien que souvent moyen et quelque peu prétentieux. Ceci dit, j'ai bien aimé cette dernière comédie que je vous conseil d'aller voir avec un pote avant de sortir, un peu comme un apéritif, une mise en bouche avant une folle soirée. Car bien que détestable à souhait, Larry David alias Boris, vous détend les zygomatiques comme il faut!
Le pitch est plutôt simple même si plusieurs éléments viennent compliquer les choses par la suite; Boris est une espèce d'ours qui vit seul, qui a raté un prix nobel de physique son mariage et son suicide. Un soir il tombe sur Melody Sainte Anne Celestine (ouais m'sieur), jeune fille du sud, blonde écervelée qui réussi à s'incruster chez le vieux grincheux. Après quelques temps de cohabitation, le duo improbable fini par se marier et tout semble rouler jusqu'à ce que les parents de Melody aussi barrés l'un que l'autre débarquent successivement chez le jeune couple.
Ce n'est sans doute pas le meilleur Woody Allen, mais tout est là, la rencontre des personnages que tout oppose, les dialogues menés à la baguette, les répliques ping pong, on s'y retrouve et ça s'avale tout seul. En plus j'ai été bluffée par Evan Rachel Wood formatée en Scarlett Johanson, c'est très impressionnant, j'ai cru que c'était elle sur l'affiche jusqu'à la voir à l'écran.
Sur ce, chers amis, je vous laisse et m'en vais voir l'association Johnny Depp / Micheal Mann, du lourd!

mercredi 8 juillet 2009

A la belle étoile


Un film par jour pendant un mois allongé sur l'herbe et ce gratuitement, c'est bien sur à la Villette et ça commence mercredi prochain!
Cette année le thème tourne autour des"traversées", qu'on soit pirate, mafieu, explorateur ou apprenti miss univers, la sélection des films donne plus qu'envie. Au programme donc, pirates des caraïbes, les promesses de l'ombre, Into The wild, capitaine Achab, Broken Flowers et bien d'autres. Perso, j'ai fait ma petite sélection et je bloque déjà mes soirées, le petit resto mexicain de la rue Eugène Jumin et mon transat en croisant les doigts pour que le beau temps soit là lui aussi.
En plus cette année c'est de nouveau gratuit!

Toutes les infos ici: http://www.villette.com/fr/

dimanche 5 juillet 2009

Madame Patate


Alors un mot rapide à propos de Fausta (sortie le 17 juin, wouhou!) qui m'a laissé une étrange impression... Alternance de moments de grâce et de moments plutôt chiants, le film est sauvé par la superbe, que dis-je? la sublissime et mystérieuse Magaly Solier alias Fausta qui souffre d'une sorte de maladie transmise par sa défunte mère, victime plusieurs années auparavant de viol. Fausta est donc une jeune femme renfermée et craintive, élevée dans la peur du viol et qui ne sort jamais seule.
Pour réunir la somme nécessaire à l'enterrement de sa mère, qui se décompose tranquillement dans la chambre, Fausta se fait engager comme femme de ménage chez une célèbre pianiste. On suit alors la vie de la douce Fausta, femme fleur (de pomme de terre! Mystère, si je vous raconte tout c'est pas drôle), Fausta qui chante pour surmonter son quotidien et faire son deuil, Fausta qui se lie d'amitié avec le jardinier et se fait légèrement humiliée par sa patronne.
Ça aurait pu être tragique à souhait, mais à part quelques passages un peu longuets on rentre vite dans la torpeur et l'indolence de la jeune femme, on sourit face à sa naïveté, on est émus par sa souffrance et pour ma part aussi éblouie par les plans serrés sur le visage de l'héroïne, impénétrable et à qui la frange va si bien.
On m'a gentillement fait remarquer que j'avais du retard par rapport aux sorties ciné. C'est vrai que pour un blog qui parle de cinéma c'est pas super, je m'en rends compte mais comme je l'ai déjà dit j'ai un p*** de mémoire à écrire, une vie sociale et puis je vais souvent au ciné accompagnée ce qui pose parfois des problèmes d'emplois du temps. En plus, j'essaye de profiter de mes pseudo-vacances... mais bon, je vais faire un effort, je tiens compte de vos remarques et doléances chers lecteurs!

jeudi 2 juillet 2009

Amère Amérique

Si il y a un film à ne pas manquer en ce moment, c'est bien Amerrika. Il est vrai que ça date, j'ai un peu tardé, mais vraiment vraiment ça vaut le coup! Croyez moi, vous allez être bouleversés par Mouna et son fils Fadi, palestiniens qui viennent vivre aux États-Unis dans l'espoir d'une vie meilleure, loin du mur et des contrôles de police. Hébergés par la sœur de Mouna qui vit depuis quinze ans dans l'Illinois, la mère et son fils vont être confrontés au choc des cultures, à la vie à l'occidentale avec tout ce qu'elle comporte de clichés et d'absurdité surtout dans le contexte particulier de l'Amérique de Bush, de l'occupation de l'Iraque et la peur du terrorisme qui engendre la peur de l'étranger surtout s'il ressemble de près ou de loin à un arabe.
Certes un peu prévisible, Amerrika et ses acteurs sont drôles, touchants, et criants de vérité. Alors n'allez pas voir Transformers mais posez vous un instant avec Mouna et Fadi en dégustant pourquoi pas des concombres farcis (si si, allez voir le film vous comprendrez). Et tant que j'y suis, je vous conseille d'emporter (en plus des concombres) une petite laine et de ne pas mettre de sandales mais plutôt des chaussures fermées avec chaussettes, parce que si il fait 30 degrés dehors, il fait bien froid dans les salles obscures faute à la clim'...