mardi 16 juin 2009

Marie-Domique s'en remettra (et nous aussi).


Jeudi dernier, aux alentours de 17h, bus 87, un couple bourgeois d'une soixantaine d'années. En passant devant le Mk2 Odéon:
Lui: "Il n'y a vraiment rien au cinéma ces derniers temps, c'est de pire en pire."
Elle: "Marie-Dominique est allée voir Anti Christ avec son mari. Il parait que c'est à vomir. Mieux vaux prévoir un petit sachet avant d'y aller..."
Je vous passe les détails de la suite de la conversation très instructive sur la folie des Starbucks qui ne peuvent plaire qu'à des gens sales, bêtes et mal habillés. Bref, Marie-Dominique n'a pas aimé le dernier Von Trier. Trop prude Marie-Do? Hum... ça me titille depuis plusieurs jours, il faut que je vérifie si tout ce buz est bien justifié!
Alors après avoir tanné Jules pendant plusieurs jours, nous voilà enfin face à Lars, Charlotte et Willem. Ça commence par une scène assez crue à laquelle je ne m'attendais pas du tout et qui me désarçonne complètement, bien joué. En plus c'est assez beau: noir et blanc, ralenti, corps enlacés, dégoulinants, flocons de neige, Haendel à fond les manettes. Lors de cette scène torride entre Charlotte Gainsbourg et son mari joué, par Willem Dafoe, leur fils sans surveillance décède. C'est le prologue, s'en suit quatre chapitres sur le travail de deuil des parents et surtout de la mère qui semble au départ tomber en dépression, dépression qui tourne petit à petit à la folie et prend des proportions inquiétantes et dramatiques lorsque, pour se soigner, elle doit se rendre accompagnée de son mari dans leur chalet en pleine forêt, forêt qui est justement la source de ses angoisses.
ça commence plutôt bien, Charlotte Gainsbourg est tout à fait crédible dans son rôle de mère endeuillée et petit à petit on bascule avec elle dans la folie. Entourée par cette nature étrange dont on ne sait pas si elle est protectrice ou au contraire source de cette folie dévastatrice, la mère perd complètement les pédales. Se mélangent alors scènes de torture méthodique et de sexe bestial (et là tout ce qu'on vous a dit est vrai! Ejaculation de sang, excision etc). Le dénouement sur la condition des femmes est tout aussi étrange, je n'en dit pas plus...
Je n'avais pas pris mon petit sac à vomi et finalement, nul besoin; si tout se veut réaliste et cru, le résultat est peu crédible. Tellement peu crédible qu'on en vient à sourire lorsque le renard se met à parler ou soupirer lorsque Charlotte Gainsbourg, avec beaucoup de conviction, s'acharne sur son pauvre mari en hurlant. Impression d'un étalage de scènes gores pas vraiment justifiées, Lars Von Trier ne chercherait-il pas à nous refiler sa dépression?
Si globalement Anti Christ ne m'a ni choquée, ni dégoûtée ni plus impressionnée que ça, Charlotte Gainsbourg elle, reste bluffante et prouve qu'elle peut tout jouer avec brio (on ne parlera pas des films de son mari).

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