mercredi 4 novembre 2009

Petits pervers

Le ruban blanc, dernier film de Michael Haneke a tout pour séduire. Palmé au dernier Festival de Cannes, un scénario intrigant, de belles images à la grande puissance évocatrice dont on a looonguement entendu parlé et dont on a pu lire dans toutes les critiques qu'elles avaient été tournées en négatif puis retouchées en numérique ce qui donne une fooormidable impression de luminosité et de brillance. Et puis quand même, c'est le dernier Haneke! Ce qu'on sait moins, c'est que c'est un tantinet chiant...
Il se passe des choses étranges dans un petit village protestant de l'Allemagne du XXième siècle. Huis clos entre les habitants et gros plan sur les enfants qui n'ont pas l'air jojo, ce qui n'est pas étonnant lorsqu'on découvre les parents et l'ambiance de folie qui règne au village. Les enfants c'est justement le point essentiel du film et je ne dévoile rien, en disant que ce sont eux les responsables des crimes qui frappent le village, on s'en rend très vite compte. Ces enfants sont présentés comme des êtres pervers et malveillants qui s'en prennent à peu près à tout le monde: animaux, enfants, adultes et même aux handicapés sans qu'on comprenne vraiment pourquoi. Pure sadisme? Fin de l'innocence? Vengeance? L'atmosphère s'en ressent, elle est glacée, il y a quelque chose de malsain dans l'air, mais sans plus. Les personnages n'ont pas l'air d'avoir peur et se contentent de subir les choses pendant... deux heures et demie! Oui, le rythme est plutôt étiré, c'est clairement un parti pris, on n'aime ou on aime pas. On attend que l'action s'emballe un peu, et puis rien. J'ai vécu les trois quarts du film comme une stagnation et le dénouement qui ne dénoue rien, comme un piétinement. A plusieurs reprise j'ai pensé à Un roi sans divertissement de Giono et l'adaptation au cinéma de François Leterrier pour les plans sur le village faussement paisible, pour les paysages de la campagne enneigée ou encore pour les figures expressives des habitants avec leurs bonnes têtes de villageois (ici des protestants allemands psychorigides), mais la psychose en moins. La tension qu'on retrouve tout à fait dans Caché et bien sur dans Funny Games est dans le ruban blanc plus sous-jacente et c'est bien dommage...
Je reste donc mitigée pour ce dernier Haneke, avec la désagréable impression d'être passée à côté de la beauté et de l'horreur des images et de l'atmosphère du film.

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